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GoFast - ININI

*Jour 1

Mardi 27 septembre, le grand saut,
plus de machine arrière possible, départ de Cayenne, la capitale guyanaise pour Saúl à 40 minutes de vol direction la jungle .
Philippe nous a mis une grosse pression au sujet des restrictions de matériel et de poids des bagages. Nous sommes limités à 15 kilos par personne au total.10 en soute, 5 en cabine.Pour trois semaines de survie à travers la jungle, c'est léger, très léger, et nous avons du faire des choix lourds de conséquences.


Avec Lili, on s'est finalement risquées à amener 4 kilos de plus pour tenter de passer ce que les garçons envolés la veille avaient laissé sur place. L'estomac dans les chaussettes mais des papillons dans le ventre on file direction l'aéroport.
Dans la queue d'enregistrement je rencontre un petit couple adorable, la fille travaille à la base spatiale de kourou, ses yeux brillent quand on lui raconte notre projet de 250 km sur l'inini. Après un bref échange, la belle mère qui l'accompagne accepte de transporter les kilos de surplus essentiels : les lyophilisés de Philippe et le matos de pêche de Kevin.

Finalement les restrictions poids que l'on nous avait annoncé ne sont appliquées aujourd'hui en raison de la faible quantité de passagers. Nous portons le deuil de tous nos gris-gris,accessoires de survie et matériel que l'on a choisit de laisser à Cayenne.
L'avion est minuscule, une capsule de métal sur l'asphalte brûlant qui monte en pression comme une cocotte minute, pour les 20 sardines à bord c'est l'enfer. la transpiration ruisselle sur nos tempes. Tout le monde essaye de se rafraîchir en s'éventant avec les consignes de sécurité sous plastique. Le commandant de bord a un physique atypique mais drôle et rassurant. Je lui demande s'il va nous faire la chorégraphie des hôtesses de l'air, il décline hilare et ça détend tout le monde. Une fois en vol, l'immensité du vert qui nous attend s'élance à perte de vue.

A l'atterrissage, nous descendons de l'avion pour nous précipiter aux toilettes récolter quelques goulées d'eau. "Potable partout

partout oui, mais pas à Saúl.

Je le sens au goût sur ma langue, la panique me prend au corps,  j'observe attentivement la canalisation du robinet qui file vers l'extérieur et me mène à une cuve  énorme qui récupère l'eau de pluie par la gouttière du toit; avec les feuilles, les excréments de chauve-souris et les bêtes crevées en plein soleil. Une citerne noire avec une belle pancarte "non potable' trône qui juste devant. Le mal est à l'intérieur alors que nous ne sommes pas encore parties.

Je tente de me faire vomir mais trop déshydratée, rien ne sort. Et Lili a bu aussi, juste après moi.


Je cherche fébrilement des pastilles de micropur dans mes affaires pour en gober une, évidemment elles font partie du "non nécessaire" resté à Cayenne.

Les garçons débarquent enfin mais je ne parviens pas à accueillir l'arrivée de Philippe et des Quads comme prévue : avec un grand sourire et une accolade, avec l'appareil photo ou la GoPro. Je nous sens condamné et l'expe avec.

Pourtant, L'équipe est au complet,les 5 fantastiques,  donc Phil 42 ans, guide d'expe, conférencier, geographe et "ami" croisé deux fois au festival de voyage "partance", son acolyte d'aventure Yanko 50 ans, pompier, lilie 42 ans naturaliste, Kevin connaissance de l'escalade au pays basque que j'ai ramené au dernier moment, 32 ans ingénieur, connaisseur de la jungle, il a monté une boîte de prod "les larmes du jaguar" en Guyane, Il remplace Élodie scientifique et Stéphane séquenceur d'ADN de grenouilles qui nous ont douloureusement lâché peu avant le départ. Autrement dit, je ne connais personne, c'est un saut à l'aveugle vers l'inconnu : la jungle et les hommes.

Après un repas à la va vite, nous enfourchons les engins pour 30 min de quad à travers brousse afin de rejoindre le carbe. ( Sorte d’appentis en bois type cabane de chasseur ) la nature se densifie. Je m'efforce de faire taire les voix qui m'assourdissent pour me concentrer sur notre entrée dans la forêt. Yanko tente un premier dialogue en m'annonçant la magie du moment, parce que aujourd'hui, c'est son anniversaire. J'essaye de paraître enthousiaste et de sourire mais mon esprit est hanté par la cuve noire. Nous atteignons le karbé au bord de l'eau juste avant la pluie. La cabane nous permet d'installer nos hamacs à l'abri pour ce soir. Petit rhum pour yanko et ces 50 ans.

Malgré l'angoisse et la pluie battante, je sombre rapidement dans un sommeil profond bercée dans le hamac.

 

*Jour 2


Aucun signal de mon organisme

On s'élance avec nos 5 embarcations sur "la crique Limonade". Des pack-rafts: 3 grands, type "sherpa" ( transport) pour Yanko, Phil et moi, un simple pour Lili et un mini "scout" pour Kevin.


Bonheur de retrouver l'eau, le sport et les kayaks, je me sens enfin utile et dans mon élément.
Bonheur d'être si à l'aise sur la rivière
Bonheur de ne voir aucun moustique
Bonheur de ne pas encore être malade

Ce que le corps humain est résistant, je le remercie depuis ce matin.


On glisse sur l'eau dans tout ce vert tellement attendu, et avec une si mauvaise presse.

Comment peuvent-ils l'appeler l'enfer ?


Les sifflements des sentinelles ( nom officiel de l'oiseau ) avertissent de notre intrusion en Amazonie par-dessus le chant des cigales.
J'en prends plein la vue.
Il fait frais sur l'eau sous le couvert des arbres. J'essaye de capter les odeurs.

Les réjouissances se terminent vite

À peine 100 mètres parcourus que les premiers troncs d'arbres renversés se présentent. Les chablis bloquent complètement la rivière. Il faut tailler un chemin dans les branchages pour passer nos lourdes embarcations par-dessus. Tous nos sacs, bivouac, vêtements, nourriture et matériels ont été glissés le matin à l’intérieur des boudins gonflables des 3 pack-rafts sherpa. C'est pratique pour les maintenir à l'abri de l'humidité mais cela nous empêche de nous délester de nos affaires lors d'une étape difficile. Nous avançons laborieusement, les garçons déjà habitués à ces conditions, prennent les obstacles d'assaut mais la forêt ne pardonne plus, phil perd l'équilibre en déblayant et effleure le raft avec la pointe de sa machette effilée comme un rasoir. Ça sonne comme un ballon de baudruche avec un palillo géant. L'éclat résonne dans toute la crique

Reprise de mon angoisse qui grandit  exponentiellement le long des 15 cm de trou béant de la toile.  Il faudra la moitié de nos rustines pour le réparer et Phil doit avancer avec un raft sous-gonflé qui présente une véritable hernie sur son flanc. Et le scotch américain aurait pu nous sauver si ce n'était pas une copie de ces maudits chinois qui ne collerait pas même du papier.
Pendant que Yanko et Phil assurent la réparation, nous prenons de l'avance pour libérer le chemin sur la rivière, d'autres chablis nous stoppent, il nous faut assimiler doucement que "la belle balade" annoncée sera rude.

Après avoir passé plusieurs barrages, j'hésite à avertir Phil dans le talkie-walkie-walkie, et préfère lancer une blague pour prévenir que mon packraft Mekong aussi, laisse échapper un mince filet de bulles par un défaut de fabrication des jonctions. Le doute s'immisce déjà; si on survit à tout ça, je promet de ne plus être pessimiste. Mais avec l'embarcation de l'organisateur de l'expé éventrée par sa propre machette le premier jour, je ne vois pas comment se terminera cette mission. Et Lilie qui galère comme jamais, ses maladresses se répètent, elle ne cesse de trébucher, glisser, tomber, oublier, perdre sa pagaie. Comment Phil a pu la convier à une telle aventure ?
Kevin lui, c'est la nonchalance et la provoc incarnée, les pieds en éventail couché dans son pack-raft, il observe nos déboires les yeux écarquillés.

Sa machette se perdra dans les branchages en début d'après-midi, suivie de celle de Lilie. la tension monte

Autre anecdote :
les talkies-walkies de Phil ne sont pas étanches. Espérance de vie estimée: 48h

Et mon appareil photo?  je l'épargnerai de combien de mes propres maladresses? il n'est plus sous garantie et 1800€ ça va faire cher la belle balade. Je suis inquiète, mais je décide de me faire à l'idée qu'il rendra l'âme durant cette aventure, et que ce sera un beau lieu pour mourir. Bizarrement j'accepte vite cette situation et ça me booste à sortir l'appareil dès que possible. En étant exagérément méticuleuse ce qui me ralentit sur l'eau.


Le soir, nous atteignons un ancien campement bien préparé. Pas une sale bestiole, pas de moustiques, pas de piqûres,pas de griffures, et un bel Aimara (poisson carnassier) pour notre premier jour de galère.

Je remercie la forêt doucement.
On se prendra quand même la pluie. Et je m'endors dans ce hamac qui sent déjà la chaussette

Perte : 2 machettes, un slip, une paire de lunette, 3 raft percés

 

*Jour 3

Mutinerie.
Kevin se confronte déjà à Philippe, remet en question ces choix, le ton monte, je suis d'accord avec tout ce qu'il dit mais je suis obligé de me ranger du côté de Phil pour calmer le jeu.
Lili écoute inquiète, Yanko essaye de faire baisser la tension. On part finalement sur l'eau sans un mot, je pose mes yeux dans les yeux de kev un instant pour lui faire comprendre que ça va aller, son retour est noir de haine, je me sens presque coupable de l'avoir embarqué avec nous. Ce matin,on avance bien sur l'eau mais la crise se répétera à midi quand la troupe affamée passe devant une magnifique plage de sable au soleil.
Le spot de rêve entre les arbres pour poser les rafts et manger. Mais Phil veut continuer encore, sous prétexte que son repas lyophilisé a besoin de 30 min pour assimiler l'eau froide qu'il vient à l'instant d'y ajouter. Kev fulmine, nous avions tout préparé à l'aube pour être opérationnel "au chant des tripes".

Passage d'un nouveau chabli, puis d'un deuxième, la nausée monte de mon estomac qui s'auto-digère, je craque aussi. nous avons besoin d'une acclimatation un poil plus progressive.

Rien de ce que j'ai appris à l'académie du sport, mais absolument rien n'est appliqué en matière de sortie, de discipline, de rituels essentiels, d'encadrement, et de relation humaine.

Ok pour financer au max la sortie, OK c'est pas une prestation de Philippe mais nous ne sommes pas ses potes, c'est du délire. Et moi je n'ai jamais foutu les pieds en forêt, je n'ai rien sur quoi me baser pour savoir ce qui est dangereux et ce qui ne l'est pas. Et affamés on va faire n'importe quoi, Même au club de raft nous avions 15 misérables minutes pour croquer un sandwich entre deux descentes et 120 touristes.
Demain c'est décidé, on choisit notre lieu pic-nique avec Kevin. C'est essentiel merde, et encore plus pour des français. On ne prend pas une seconde pour contempler la forêt, nos journées se résument à se lever à 6h30 pour pagayer et franchir des troncs jusqu’à 17h puis monter le camp et dormir à 21h. Le conflit et les discussions font perdre bien plus de temps que les simples poses demandées.


Bref on repart, l'énergie remonte avec l'assimilation des aliments

Je suis contente que Kevin montre soudainement de la bonne volonté et ne se bute pas en s'attaquant au chabli suivant. On avance, chabli, lilie passe devant, encore un chabli.
Elle commence à bien gérer sur l'eau et même si c'est épuisant elle ne râle pas et encaisse. Nos gestes deviennent plus méthodiques, et plus précis, on s'habitue à s'attacher au corps tout ce que l'on utilise, à fermer tout ce que l'on ouvre, à vérifier tout ce que l'on déplace. j'établis un rituel pour mon appareil photo, afin de le mettre toujours en sécurité mais de pouvoir dégainer "rapidement". souvent on traîne un peu avec kevin pour pouvoir prendre de beaux paysages et faire quelques mises en scène, on est sur la même longueur d'onde et nos singeries nous tordent de rire comme des gosses.
Et puis là, on tombe sur un camp de rêve, avec rocher, escalier, campement, feu.
Pas une seule seconde j'imagine que Philippe acceptera, il est 1h30 plus tôt que l'arrêt prévu pour installer le bivouac. Mais miracle, il accepte à condition de démarrer à l'aube le lendemain.
La joie est palpable, tout le monde se baigne, rit et lave son linge, enfin du sens à être là. Le matériel électronique sèche au soleil, Kevin met l'aymara à fumer, Philippe se détend.
Malgré la pluie au moment du repas, tout le monde à le sourire, je prends des photos de grenouilles et de culs nus. Alors que la nuit tombe, Kevin chasse le caïman, la lumière de nos frontales révèle leurs yeux écarlates dispersés dans toute la crique. On continue de pêcher tous les deux, depuis le packraft après avoir d'installé le filet et posé des traps.(Pièges) ça me renvoie à mon enfance, à mon père, à Caspe,  au rafting... tout paraît rentrer dans l'ordre et prendre du sens.

Je me sens vraiment bien



Perte : La gourde filtrante de yanko.

 

* Jour 4


Le jour où tout a basculé

 
Pour une raison que j'ignore, personne n'a rempli le deal de se lever plus tôt, l'équipe met presque deux heures à plier le camp, j'essaye d'attiser les troupes en lançant des "dans 1 minutes, je ferme mon packraft", mais personne ne réagit. Je parle trop et j'ai déjà dû les saouler. Kevin nous montre sa plus grande mauvaise volonté. Phil prends sur lui, Je m'épuise.
Finalement le départ s'opère mais 10 mètres plus loin, je suis rappelée au talkie à cause d'une batterie oubliée dans mon pack-raft gonflé et rangé. Je reviens patiemment à la base sous le regard exaspéré de kev
On recommence à zéro, phil vide mon raft, récupère sa batterie, on répare la nouvelle fuite de la veille au passage. 

"Toujours plus loin avec Mékong"

Kevin joue la provoc en fumant à 1 mètre de nous, allongé en slip sur les pierres. Depuis le début je n'arrive pas à croire qu'il a 32 ans, il se comporte comme un jeune adulte de 10 ans de moins qui aurait vécu beaucoup trop de trucs cools pour rester humble. il à trop traîné avec les amérindiens et ça a dû lui monter à la tête. Phil m'avait prévenue du risque d'amener quelqu'un de trop expérimenté, je me sens donc responsable de chacun de ses faits et gestes d'ado.
On décolle enfin et ça avance bien à part mon embarcation qui a tout le poids à l'arrière après notre deuxième départ. Il est en dérapage constant et chaque tronc ou branche me bloquent et me freinent. Au bout de 3h je suis KO. Mais il faut avancer. Pourquoi ces pack-rafts n'ont-ils pas de poignées? Nous n'avons absolument aucune prise pour les transporter ou les hisser sur les troncs, ils sont complètement perchés chez Mékong ? Ce soir au campement on fabriquera des sangles tressées avec les cordelettes de kev pour ne pas continuer de se niquer les doigts. Ici c'est Problème-solution, la plus immédiates possible pour la survie de l'expé.

Heureusement  ce matin, pas de chablis avant 11h. Yanko commence à nettoyer le passage, Phil le rejoint en montant sur les troncs mais il tombe à l'eau, se rattrape de justesse, regrimpe et tombe à nouveau
On lui dit d'y aller molo mais nous avons perdu du temps et il fonce sans assurer chacun de ses pieds.

Que demonios nos pasa a todos ?

Nous parvenons à franchir le barrage en faisant glisser les embarcations de Phil et Yanko par dessous les branchages alors qu'ils passent par-dessus. Philippe trébuche à nouveau et sa machette tombe entre les lianes dans l'eau. Panique totale,c'est notre meilleure Machette, et l'avant dernière, pas le temps de l'avertir qu'il plonge la récupérer avec le talkie-walkie non étanche au cou. Je vois l’expédition s'émietter sous le regard effaré de kev qui flotte, les doigts toujours en éventail sur son pack-raft. Tout se fait dans le stress et la précipitation, sans raison. On dirait une première fois dans la jungle organisée par les Bronzés. Ça serait drôle si c'était juste l'histoire d'une semaine.


Pieds nus à l'aveuglette, on cherche avec nos orteils à sentir la machette sous l'eau entre les branches, la boue et les pierres. Yanko me dit de le "tirer par le col si il se bloque sous les lianes" et disparaît sous les branchages sans que j'ai le temps de l'attraper par un vêtement. J'attends qu'il ressorte le souffle court.

L'angoisse remonte. Après 10 minutes bredouilles. Kev saute enfin à l'eau pour prêter main forte, une roulée dans le bec et nous retrouve la machette en 30 secondes chrono, farfouillant simplement avec les pieds exactement où nous étions. 1 point pour toi kev.
On rit, on remercie, on mange car il exige du calme et de l'énergie, et il a raison. on repart. Ça avance toujours bien jusqu'à atteindre le premier saut. ( Passage compliqué dans les rochers avec du courant.) On gare les rafts sur l'îlot central pour décider de quel côté descendre et juger de la dangerosité. Lilie perd l'équilibre en voulant sortir du raft et sa pagaie part dans son dos direct dans le courant.  les pagaies ne flottent pas.
Je plonge immédiatement à l'eau, bois de tasses de crique limo pour la récupérer 20 mètres plus loin dans le rapide juste avant le saut. Agrippée aux rochers, j'arrive à me hisser sur l'îlot et rejoindre les 4 fantastiques, toute fière et tremblante. Une pagaie en moins et on rentre hélico-presto à la maison.


Je remercie les réflexes de monitrice de rafting.
Postée en bas du saut avec le sifflet pour les faire passer à tour de rôle, je photographie en direct ce premier passage, lilie et Yanko traversent les remous avec un sourire Béa. Enfin un peu de bonheur et de sensations.
C'est repartis

 

2 km plus loin, une séparation de la crique se présente. Phil choisit de prendre à gauche là où le courant est plus prononcé, on pagaie jusqu'au saut. Nous faisons stopper les rafts aux autres en amont, pour nous rendre compte de la difficulté avec Philippe, c'est bien de la classe 4 sur laquelle seraient tombés des troncs. Il y a des rochers partout et des branches en travers, impraticables avec nos pack-raft percés et surchargés. Phil propose de le passer par étapes ou de tenter un truc. Ce que je décline immédiatement
Pendant qu'il part observer le passage à travers la forêt sur l'aile gauche, nous décidons avec kev de remonter le courant. on a le sentiment d'avoir raté un passage plus haut. Je prends le pack-raft de Lili, plus léger et maniable que le mien et on remonte à contre courant pour tester l'aile droite. En avançant prudemment pour ne pas se piéger loin des autres, nous atteignons une immense pierre plate à deux niveaux et des rapides praticables.
En s'avançant sur une presqu'île, je vois une masse sombre sauter entre deux roches, et, qui y reste coincée et se débat avec fureur,, sa queue couverte d'écailles claque violemment dans l'eau avant de disparaître.
C’était un caimán énorme, ça m'en glace le sang, avec tout ce que l'on a pataugé, plongé et nagé dans la crique limonade.Kevin ne semble pas inquiet et se moque de mon inquiétude. Le mec marche pieds nus depuis 4 jours.Il propose d'aller voir plus bas pour être sûr que l'on rejoigne bien l'autre saut. Je reste seule 10 minutes à l'attendre et réalise que c'est plus que inconscient. Philippe est parti à travers la forêt, seul, pour tester le passage des rafts aile gauche. Yanko et Lilie sont postés avec les packrafts juste à l'entrée d'un rapide dangereux, Kevin est avec moi sur l'aile droite mais bien plus bas à sauter pieds nus sur les rochers. Le bruit assourdissant de l'eau étoufferai les cris ou les coups sifflets. Les talkie-walkie sont HS. De nouveau le sang bat mes tempes, j'attends le souffle court que kev apparaisse enfin.
Il se pointe et on rejoint rapidement le reste du groupe pour les guider sur ce plan B.
Les pierres plates leur plaisent. On pose le camp là. Nos affaires sèchent au soleil Baignade pendant que les batteries chargent. Tout le monde se détend enfin
De grandes feuilles de Ravinalas sont déposées en tapis sous les hamacs et autour du feu, un bon repas 5 étoiles. Le campement est magnifique, j'y passerai plusieurs jours pour découvrir les alentours si nous n'étions pas si pressés.


Miracle, Kev et Phil parlent même astronomie, presque astrologie, ils sont nés le même jours, le 16 février

2 putains de verseau. Quoi qu'on en dise... ça me fait sourire.

Mais tout va basculer: Au départ, j'étais juste allée chercher du dentifrice.
Les autres reposaient déjà dans leur hamac sur l'île et kev préparait les Traps pour la pêche sur la grande dalle du campement. malin, Il me propose un riz au lait vanille. Évidemment j'ai pas su dire non, et pendant qu'on savoure le premier désert de la semaine, Il m'explique qu'il est chaud pour attraper le monstre à écailles que j'ai croisé en fin d'après midi avec un Collet. je n'en crois pas un mot, et je parie sur l'impossible. Il se motive, on fabrique notre gadget avec un bâton de 4 mètres, la corde de camping et un bas de ligne métal. j'attrape la GoPro avant de nous lancer dans la nuit. Notre cible est tout simplement postée sur le rocher en plein milieu de la crique, la gueule ouverte, attendant les poissons qui remontent à contre courant.
Le plan, c'est que j'aveugle le caïman avec ma frontale au max de sa puissance et que pendant ce temps, kev approche la bête par derrière pour lui passer le collet. Depuis l'autre côté de la rivière
Première tentative infructueuse, le collet se tourne et il le rate de 20 bons centimètres, ça ne marchera jamais et je ris de voir kev donner toute sa minutie à viser. Par contre, la deuxième tentative est juste digne d'une scène de film. Comme il tient le bâton de 4 mètres à bout de bras avec la corde et le collet qui doit être à l'avant du caïman, il l'attaque donc de dos et ne voit pas vraiment la mâchoire du reptile dans la nuit, de plus je l'aveugle presque tout autant mais la boucle en métal effleure l'eau et se tourne parfaitement dans l'axe face au caïman.
Kev ramène vers lui doucement,
Le collet est autour du cou.

Et il le ferre.
Hurlements de guerriers qui sortent de nos poumons par dessus le chant des cigales
 

Kev se tient pieds nus juste en boxer, droit comme un massaï sur la grande dalle avec sa bête sauvage en laisse qu'il a ramené près de lui. Il me rappelle ce reportage photo de Pieter Hugo des rebelles nigériens qui avaient domptés des hyènes.


Je le rejoint de l'autre côté de la rivière, on est complètement drogués d'adrénaline

Ma machette dans la main, il pense que c'est un caimán à lunettes protégé et que donc on ne peut pas le manger, ni le tuer. L'hésitation de trop.



Il y a du sang partout

Sur ma machette, sur mes genoux, sur les pierres plates et le pack-raft, Je tourne de l’œil en voyant une veine sectionnée se balader au milieu de la plaie. Kev est allongé sur la grande roche lisse du campement, blanc comme un linge alors que Phil, calme et méthodique, lave les multiples plaies de son avant bras droit et en retire les poils avec mon rasoir. Lili fait des allers-retours entre les bols d'eau propres et ceux pleins de sang. Yanko sortit du lit en catastrophe prépare deux cigarettes roulées, une pour lui une pour Kevin.  Il faut des points, beaucoup, il parle tout seul et dit beaucoup d'aberrations à la seconde; encaisser que l'aventure se termine là pour lui est compliqué.
Je lui glisse deux tramadols entre les lèvres pendant que Phil panse ses plaies. Impossible de le recoudre, inenvisageable de le garder avec nous. Entre l'eau, les pagaies, les chablis, l'humidité, c'est l'infection, la gangrène, l'amputation.
Le rouleau de strap, lui aussi, est resté à Cayenne
On bricole avec le scotch chinois un bandage de fortune. Il va falloir déclencher la balise. Ici les histoires circulent comme une traînée de poudre. Saül, Maripasoula, Cayenne. Tout le monde sera au courant en un rien de temps. L'armée, les gardes forestiers, toutes les personnes qui nous suivent. Philippe contient sa colère mais il sait qu'un procès verbal devra sûrement être fait pour justifier le déplacement des secours. S' il révèle qu'il chassait une espèce protégée dans le parc amazonien, il se fera coller une belle amende. Et cela pourra être éliminatoire pour les futurs expéditions de Phil. On tente de trouver une histoire crédible pour expliquer l'accident mais Kev change chaque fois de version et absolument rien ne tient la route. Personne ne va gober qu'il a glissé sur un caïman en allant faire la vaisselle. On essaye de le faire taire. Même moi je ne suis pas sûre de ce qu'il s'est vraiment passé. Quand je suis partie chercher du renfort, kev était droit comme un i sur les pierres, la partie de son corps la plus proche du caïman, c'était sa jambe et pas ses mains. Et j'ai été sacrément proche aussi, pour filmer l'animal. l'adrénaline nous à fait baisser la garde.
Yanko et Lili partent se coucher. Je reste assise en boule près de Kevin qui essaye de faire un peu d'humour pour nous détendre. Phil lui raconte comment il a failli perdre sa main droite le jour où il s'est interposé face à un lion de mer au Groenland pour protéger son équipe; lacérée par la bête, il a subi plusieurs opérations et perdu une partie de sa paume. Il nous montre les photos. Une boucherie, les plaies de Kevin paraissent dérisoires à côté. Ça nous détend un peu. Ça rapproche les deux hommes qui se chèque leur main droite en frère verseau croqués par des bêtes sauvages.
On rigole un peu.  Les montées du tramadol lui donnent la nausée et il rend presque la soupe chaude qu'on lui a préparé un peu plus tôt.
1h du matin. La décision est prise, la balise de Kevin est déclenchée, le compte à rebours démarre.Puis les questions automatiques du dispositif de secour:  Accident grave oui, vivant, oui, Origine animale oui, intervention Immédiate oui


Erreur d'envoi.

Ma nuque se raidit, et si les balises nous font défaut ? et si la transmission gps depuis le saut Bayou est impossible. et si les secours n'arrivent jamais? et si on doit continuer avec Kevin blessé ? L'histoire de la femme retrouvée aux côtés du macchabée de son mari mort depuis 3 jours me revient en tête.


Il est 2h du matin, j'angoisse en silence.

Philippe cache son inquiétude et m'invite à aller me coucher puis part rassembler les affaires de Kevin pour l'arrivée des secours demain matin. En espérant que le signal parte.


Perte:
les lunettes de lilie
Un bras
un joueur

 

 

*Jour 5


5h20 du matin
Le bruit est assourdissant, le tarp claque dans les rafales de branches et d'insectes.

Je sors de mon hamac et du sommeil de plomb qui m'avait déconnectée de la réalité un instant pour soudainement comprendre que l'hélico était là, en vol stationnaire au-dessus de nous.
Les arbres sont tellement secoués que j'ai peur qu'ils nous tombent dessus. J'attrape un pantalon et la GoPro pour rejoindre les secours sur les pierres plates. nous échangeons quelques informations en hurlant par-dessus le bruit assourdissant des pales et du moteur puis ils emportent Kevin suspendu au câble vers les lumières éblouissantes de l'engin et disparaissent dans la nuit étoilée. Une scène similaire à celle de la rencontre avec le troisième type. Notre île est tellement secouée que j'en ai des vertiges. L'air nous gifle de feuilles et de branches et d'insectes. Nos sacs s'envolent dans tous les sens.


Premier perso hors jeux du périple .

nous ramassons quelques affaires au milieu du chao hébétés puis nous titubons en silence vers les hamacs pour tenter de récupérer une heure de sommeil.Impossible

J'espère qu' après les tipunch j'ai oublié d'inscrire le nom de mes parents et leur numéro sur la fiche de contact Stéphane la veille de l'expédition.
S' ils apprennent pour la première hospitalisation due à une morsure de caïman à lunette 4 jours après le départ ils vont se faire un sang d'encre.


Plus que 4 fantastiques
6h du matin.
Comment font-ils pour tous dormir ???
Comme dans le film irréversible, le temps remonte secondes après secondes pour déceler comment nous avons pu en arriver là. Mais rien n'aurait pu être autrement. De l'annulation de Stéphane à celle d'Elodie, à la rencontre de Kevin la veille du départ pour paris à l'escalade, des maladresses accumulées de Phil qui a perdu en crédibilité et donc attisé l'assurance de Kevin dans la jungle, de mon désir de chasser le caïman à me retrouver tétanisée à 1 mètre de lui alors qu'il se débattait dans la roche. De notre manque de nourriture fraîche à nos instincts de pêcheurs, de ce maudit reptile qui s'est posté à 10 mètres du hamac de Kev pour pêcher sur les rochers et ne jamais en partir. Aucun avertissement n'est venu de nulle part.Tout nous a mené doucement entre les griffes de cette tragédie.



Est ce qu' on a eu de la chance comme disait Yanko? Est ce que si kev avait tué le caïman son orgueil lui serait monté à la tête jusqu'à faire basculer la relation avec Phil et terminer de nuire à l'expé.

Est-ce que Kevin avait vraiment besoin de ça pour grandir ? Est ce que ça m'était nécéssaire pour apprendre à être vigilante tout le temps et arrêter les syndromes de Peter pan?

Pour le coup le problème alimentaire est réglé, nous avons de quoi manger pendant 35 jours.
Mon couteau suisse laissé à Cayenne est remplacé par l'opinel de kev
La bâche de Lili par son poncho

vêtements, chapeau etc ...

Et un raft de secours avec pagaie ce qui n'est pas négligeable. On est comme des pillards sur un cadavre. Il faut motiver les troupes avec du positif pour pouvoir repartir parce qu'on se retrouve doublement chargés avec un porteur de moins. Quand tout le monde se lève enfin les gueules sont longues. nous rassemblons les affaires éparpillées entre les feuilles et les branches. Notre coin de paradis méconnaissable semble avoir été traversé par un ouragan, Mais à part une bouteille de quack, le tabac et la chemise de Yanko, tout est là. On s’assoit sur les pierres plates pour parler de la situation, tout le monde est sous le choc. Personne ne m'accuse de rien alors que je me sens tellement responsable de tout. Le nœud dans ma gorge étrangle ma respiration. Phil pourrait être blacklisté de la forêt pour ce qu'il s'est passé. J'espère que non sinon je ne me le pardonnerai jamais.

Je le lui dit. Rassurant, Il me souffle qu'il a besoin de moi et de mon énergie et me sert doucement dans ses bras. Ça dénoue un peu la tension dans ma gorge. Résoudre les problèmes un à un...


D'abord la bête
Nous retrouvons le caïman à lunette qui faisait le mort un peu plus bas entre les rochers. On se serait presque fait avoir nous aussi. La corde tranchée, il repart doucement s'enfoncer dans l'eau.

Les rafts sont de nouveau prêts pour partir et quitter la scène de spectacle mais c'est un nouveau faux départ. Avec la force de l'hélico, il ont raclé d'un côté à l'autre sur la roche, battus par le vent, surtout le mien qui était bloqué sous une pierre de 5kilos pour maintenir le dernier collage de rustine. Maintenant il comporte une dizaine de trous de plus. il nous faudra 3h pour tout réparer.
Finalement nous restons sur place pour sécher les collages, le linge, charger les appareils, et se raconter nos mésaventures de vie avec Phil, Je n'aime pas livrer ces histoires et montrer mon profil de victime. Mais ça nous rapproche. Lui c'est un miraculé, survivant du cancer à la naissance, une longue cicatrice entoure son ventre. Il a cette force de ceux qui ont volé trop pès de la lumière.
Je vois que Lili a du mal à encaisser aussi. Elle est contre la chasse depuis le début et contient sa colère. Nous voulons tous quitter cet endroit dévasté au plus vite et réunissons nos forces pour repartir.
Notre nouveau campement, celui des lucioles, nous le découvrons après deux heures de descente douce, silencieuse, sans chablis impraticables.
Belle surprise qui me soulage le cœur quand Phil me tends le GPS satellite avec un message incompréhensible

 

"Fuerza gambu <3''

Carlos, tu m'épateras toujours... 
J'ai tellement de chance de t'avoir toujours avec moi aussi loin que tu sois.

Au menu Pop-corn et lucioles



Perte :
Le tabac a roulé
1 bouteille de quack
La chemise de Yanko.


 

*Jour 6

Démarrage 6h30, Départ des pack-rafts 8h, Chablis partout, répit nulle part, il y a des arbres couchés en travers de la crique tous les 100 mètres, Kevin n'aurait jamais supporté, heureusement qu'il a quitté le game plus tôt.
Je pleure de rire d'épuisement à chaque raté, je n'arrive même plus à me redresser sur les troncs à la force de mes bras. Mon état d'esprit a changé, je suis curieuse de voir où nous mènera toute cette histoire, la peur a totalement disparu pour laisser place à un objectif fixe, j'obéis à la demande de Phil, prêter ma force et mon sourire à notre mission. Et prendre un maximum de photos.
Vers 16h nous avons tout donné. Je n'ai tellement plus d'énergie que je grelotte de froid dans mes vêtements trempés. Retirer la chemise me permet de sécher ma peau au soleil mais de la livrer aux griffures et aux insectes.
Le raft est lourd, les autres ont pris de l'avance. Après 15 minutes bloquée entre les branchages, Phil revient paniqué à contre courant jusqu'à moi, ils étaient inquiets de ne pas m'entendre répondre à leurs coups de sifflet et mon talkie-walkie est mort noyé.

Nous poursuivons jusqu'à la première grande récompense de la forêt : Lili aperçoit une jaguar traversant un tronc sur la rivière, suivi par son petit qui stoppe net sur le chablis, Il nous observe stupéfait puis pose, tourne, se couche, baille. Il nous fait la parade totale de son charme de jeune félin pendant presque 10 minutes.

 

KAiwasu ! = Alleluya= allah akbar= la forêt est belle en wahrani

 

Tout le monde est hypnotisé par la scène qui n'en termine pas, L’émotion des Philippes est palpable. Lilie des étoiles pleins les yeux.  Cette vision à adoucit nos cœurs, 
On fêtera cet instant au camp jaguar, Cacahuètes / tipunch. Les dernières pommes de terre et rosbeef en boîte. Ça nous colle des bouffées de chaleur et d'énergie pendant le reste de la soirée.
La nature chante comme jamais. Croissement, crissement, piaillement et hurlements. Impossible de fermer l’œil.,Je regrette d'être nue comme un ver dans mon hamac. je me sens tel un gigot prêt à être offerte aux jaguars. Entre Bruno qui nous répétait qu'il fallait impérativement emporter une arme à feu, plus le fait que la mère était tout de même avec son petit, c'est là qu'ils deviennent dangereux. Et puis Phil qui racontait qu'ils peuvent broyer le crâne d'un caïman entre leurs dents d'un coup de mâchoire...
Mais lui apparemment il vit sa meilleure vie et nous réveille à 4h du mat pour observer les champis phosphorescents qui tapissent le sol du campement.



Perte
Une cuillère métal
Sifflet vieux campeur 16€

 

 

*Jour 7

toujours pas de pluie

Objectif, atteindre l'Inini à 8km
J'ai déjà perdu la notion du temps et des distances.

Résumé bref: Des centaines de Chablis, des crevaisons, lyophilisés à l'eau de fond de pack-rafts, épuisement max, fous rires nerveux plaquée contre l'écorce pourrie des troncs qui grouillent de bestioles. une tarentule rousse et douce comme de la soie a élu domicile, terrorisée et tapie dans mon sac. Les branchages m'arrachent mon matériel, mes fringues et mes forces. La forêt est avalée par nos efforts.


Lili encaisse.
Phil sourit
Yanko avance

 

Campement de la dèche ce soir



perte: La chemise que stéphane m'avait prété
 

 

*Jour 8


6h du matin
Le chant des cigales s'élève dans l'aube comme un OM religieux. C'est divin

J'ai tellement mal aux doigts que tenir le portable pour écrire est douloureux
Atteindre l'inini c'est l'objectif d'aujourd'hui comme celui d'hier
Il faut qu'on y arrive sinon tout le monde va craquer (sauf Phil)

La mâtinée comme la veille, des chablis à n'en plus finir
Lili n'est plus que l'ombre d'elle même

Après le passage de "la porte de l'autre monde", une large encoche pour faciliter le passage des pirogues au milieu d'un tronc sur la rivière, les premiers signes des orpailleurs apparaissent, plastique, bouteilles, bidons, la crique limonade sauvage s'efface. Un dernier chablis
L'un des anneaux de mon raft s'arrache, et je coule presque avec le chargement
nous parvenons à rejoindre rapidement une roche pour une énième réparation.


Leçon à retenir :  le gratuit coûte cher
Merci Mékong

La prochaine expédition ce sera avec mon pack-raft et certainement pas de chez vous.
Finalement à 13h nous atteignons l'inini, le vrai , le grand. on célèbre avec des acolades maladroites sur l'eauPhil nous booste à continuer. Il veut calculer notre vitesse de croisière sous la fatigue: 2,5km/h. Franchement il déraille.


Heureusement kaywasu  !
Nous arrivons sur le magnifique saut "émerillon" , deuxième récompense.

Des pierres lisses partout, L'un de nos meilleurs campements
Après célébration aux dernières gouttes de tipunch, les affaires sèchent, les batteries chargent, nous sortons le matériel de pêche, on profite
Un tramadol annulera la douleur lancinante de mon dos qui m'étourdit depuis plusieurs heures, j'arrive tout juste à me rendre utile en recousant le pantalon de phil. La dernière fois que j'ai senti cette douleur, c'était après ma première saison de raft qui m'avait envoyée à l'hôpital. La pêche est bonne, la chasse aux grenouilles aussi.On trouve du temps pour un Massage sous le ciel étoilé. Enfin du vrai bonheur au cœur de l'Amazonie. Avec une longue nuit de sommeil réparateur.
Je ne sais toujours pas quel jour on est


Perte 0     ( on s'améliore )


*Jour 9

Toujours pas de pluie.
Réveil merveilleux sur cet endroit. le clapotis de l'eau entre les pierres rondes et lisses nous berce dans les hamacs. J'aimerai tellement qu'on y reste, mais la réalité nous attend
Nous mettons beaucoup trop de temps à tout ranger, et à batailler avec le filet de pêche. L'enrouler avec les feuilles dedans c'était une idée à la con comme annoncé.


Et mon raft fuit encore,
"Toujours  plus loin avec Mékong" 

En ligne droite, sur la rivière désormais élargie,  j'ai besoin qu'il soit gonflé à bloc pour ne pas être freinée dans mon élan, et il pèse comme un Âne mort. Je dois regonfler l'engin toutes les 20 minutes ce qui me ralentit et s'accompagne d'allusions très fines de Philippe. Je déteste être un femme, je joue à l'être mais si d'un coup de baguette je pouvais passer de l'autre bord je le ferai sans hésitation. Et je meurs d'envie de lâcher un caïman dans les bureaux de ces fumeurs de crack de Mékong qui nous envoie des prototypes de rafts en papier pour survivre sur l'eau pendant 3 semaines en Amazonie. On en est à la 20ème réparation, et sincèrement je le ménage le raft. J'aimerai arrêter de râler, ça doit vraiment être chiant pour les autres, mais ça me dépasse. En plus mon cycle commence demain, je suis irritable et mes seins me font mal. Comme je le disais plus haut. je déteste être une femme.
L'appareil photo aussi proteste et ne fait plus son job, dû à la condensation à l'intérieur de la boite, une épaisse buée est emprisonnée contre le verre voilant toute mes prises. J'essaye en attendant de m'amuser au maximum avec la GoPro
Et de faire un peu l'andouille, parvenant à déclencher le rire de Philippe mais je me lasse vite d'amuser la galerie. Même moi je me saoule. la complicité avec Kevin me manque, c'est beaucoup moins drôle depuis son départ. 
il aura raté le Jaguar. ça va le rendre fou. S' il avait su que cette expé était en fait un Gofast, il ne serait sûrement jamais venu. Moi non plus je ne le savais pas, mais j'adore les challenges.


C'est fou comme on peut se livrer comme ça corps et âme pour l'aventure de quelqu'un qu'on a vu deux fois dans sa vie. Il y en a qui ont de la chance.

C'est pour la "Yes Man" philosophie que je l'ai fait en vrai. 

Et pour le défi sportif.

 Et pour la forêt .
 

Philippe nous stoppe à midi, assis sur des rochers saillants à l'ombre pour manger nos lyophilisés réhydratés depuis la veille 20h. 

Là aussi, idée éclatée, c'est dégueulasse.
 

Je commence à me demander si tout ceci n'est pas une expérience humaine pour voir jusqu'où on irait pour lui sans craquer. Ça me rassurerait presque de me dire qu'il a éventré son raft volontairement pour tester notre mental afin de nous préparer à une tout autre expédition. Ça existe en fait, ça s'appelle des pranks. c'est des caméras cachées ou des types se font passer pour des demeurés à un entretien d'embauche, ou alors pour le prétendant ultra raciste d'une nana métissée à son repas de famille. C'est pas très drôle en vrai.
Mais pour nous c'est pas un Prank. Nous sommes juste là, dans cette jungle sublime sans pouvoir profiter d'elle, sans avoir vraiment le temps pour la regarder, la sentir, l'écouter. 

A part un vol de papillons et un caïman, et les centaines de déchets abandonnés par les orpailleurs aperçu aujourd'hui, nous sommes bloqués dans le TGV que conduit Philippe et le moteur ce sont nos bras.
On pagaie jusqu'à 17h, Après qu'il nous ai sorti deux fois d'affilée "on arrive dans 3 km". Autrement dit, Dans 1h, Mais deux fois

En fait, j'ai compris plus tard que c'est 3 km à vol d'oiseaux, 

donc 6 km, donc deux heures. 

Sauf que parfois,

 il oublie.


"Bonne balade"

 

Finalement après une pluie qui valait la peine d'être belle, on s'échoue pour monter le campement sur un semblant de plage vaseuse de sable et d'argile. Éclatée comme l'ensemble de la journée.

Lili me rend dingue pour installer son hamac alors que je peine déjà à installer le mien,

Elle fait ce qu'elle peut et elle a un super mental. Mais après 1 semaine j'ai envie de la ligoter dans sa moustiquaire à chaque fois qu'elle ne trouve pas comment nouer sa bâche.

Même Phil envoie valser son raft après l'égarement de ses rustines. Tout le monde est sur les nerfs. 

A part Yanko qui temporise, 

lui quand il s'énerve, il fait du terrassement de sol du campement. 

 

Finalement J'arrive à garder patience avec lilie et à l'aider avec douceur. Petit massage d'épaules aussi pour Yanko qu'il bien mérité.

Nous mangeons de l'Aymara au Quack de Phil franchement bon. Et notre premier dessert officiel pour réchauffer le cœur.

Phil qui nous sort que'' la journée de demain ne sera pas aussi bien que celle d'aujourd'hui.''

En fait il doit faire aussi partie de l'équipe de bureau de Mékong




Perte
- Une pince à épiler
- Une cuillère en plastique

 

 

*Jour 10


On en est à la moitié du voyage
Raft toujours percé

Mission : passer la zone d'orpaillage d'un trait. On pagaie 4h non stop
Lili écoute de la musique en cachette avec un écouteur comme si elle commettait un crime envers nous. mais Maintenant elle a le vent en poupe et trace toute seule devant, en pilote automatique.
Les berges sont couvertes de troncs de lianes et de racines, entre lesquelles flottent des détritus d'orpailleurs. C'est plus vraiment le paradis amazonien.
J'ai le cœur lourd et la crique limonade me manque, avec Kevin que je vois reflété dans l'attitude de Yanko déjà avachi sur le dos dans son pack-raft. Nos muscles se plaignent, Lili gobe des cachets de Doliprane pour ces poignets. On ne peut plus vraiment se baigner à cause des raies dont le venin serait plus douloureux que celui des vives de la côte basque, Le soleil est ardent et brûle la seule partie visible de mon corps, les chevilles. Demain chaussettes.La forêt nous livre depuis quelques jours des odeurs de miel, de monoï ou de febreeze. Par moment je me renverse en arrière sur les rebond du pack-raft en fermant les yeux, le laissant glisser dans le courant, j'écoute pleinement la forêt, je resterai des heures comme ça. c'est vraiment puissant. Ces quelques secondes me ralentissent alors que les autres tracent et me rappellent à l'ordre.

On veut s'arrêter manger avec Lili, plus pour tuer le temps et pour être un peu au repos avec les autres, que par faim, mais Phil, il n'arrive pas à comprendre ça dans sa course frénétique et nous traite de "gamine à l'arrière de la voiture qui tapent dans le siège du conducteur" je suis verte, j'ai un raft percé hyper lourd qui fuit depuis une semaine alors que au départ je devais avoir le modèle mini  de sa soeur, libre de poids pour être mobile et rapide sur l'eau et pouvoir prendre des photos sublimes.
Est ce que c'est normal de pagayer 4h sans faire une pose ne serait-ce que de 5 minutes pour se retrouver, souffler, sonder le moral et le physique des troupes ? Que dirait Patxi ? Que ferait Anton ?


Un splendide vol d'urubu au zénith captive notre attention.
 

Peu de temps après, Philippe nous double et nous fait signe de baisser le ton, les orpailleurs sont là. On pensait qu'ils nous avaient aperçu mais ils se rendirent compte de notre présence qu'à une distance de dix mètres.
Dans un cris, ils bondirent sur leur pirogues tentant de les démarrer au quart de tour à en rompre les moteurs. Nous avons beau leur faire des signes de paix, leur peur a pris le dessus.
Nous dépassons l'un d'eux qui avait du mal à démarrer puis le plus vaillant, un noir marron brésilien imposant ralentis alors le moteur de sa pirogues. Ils discutent avec Phil qui arrive à lui faire comprendre que nous sommes juste 4 "touristes", que nous ne leur causerons pas de problèmes et que personne d'autre ne vient en suivant. Le type semble rassuré et nous laisse partir. Au méandre suivant une famille entière d'une dizaine de personnes semblent attendre pour nous voir passer. Ils doivent avoir un système de radio pour communiquer d'un camp à l'autre. Les femmes nous pointent du doigt avec un sourire en parlant à leurs enfants. Ça nous détend un peu de les voir présentes. Merci aux militaires qui m'ont prévenue que j'allais finir attachée à un arbre par les orpailleurs. Comme disait Philippe ce sont juste des personnes qui tentent leur chance dans de dure conditions, des hors la loi mais pas des assassins. Au méandre d'après une vieille femme sous la bâche de sa construction ne lève même pas le regard pour nous observer. Est ce que la rencontre avec les orpailleurs s'arrêtera là ? C'est leurs vient qui se joue si nous révélons leur position. vont-il s'en inquiéter. Je leur ai lancé un "boa sorte", bonne chance, auquel le père de famille m'a répondu avec un grand sourire.
Comprendront-ils que nous ne comptons pas empirer leur calvaire ? Phil n'est quand même pas rassuré. Le soir, au montage du nouveau camp nous effaçons nos traces sur les berges à côté de celles d'un puma, après avoir dégonflé les rafts et caché les pagaies, un piège de pêche à clochette est posé. Pas de feu ce soir. Il faut être discret. Vers 20h15, le son rugissant d'une pirogue à moteur tournant sur la rivière déchire la nuit alors que nous sommes déjà couchés. Est ce qu'ils nous cherchent? Quelle raison ont ils de venir jusqu'ici, si tard alors que nous avons pris plus de 4 km de distance avec leur base ? Peut être juste pour venir boire un coup demander des clopes et des médocs qui sait ? Ils ont plus de risques de nous faire du mal qu'en se liant d'amitié avec nous.


Mais Lili a peur. Je lui lis des bribes de mon carnet de bord pour lui changer les idées et on s'esclaffe dans la nuit, philippe siffle depuis son hamac pour nous imposer le silence.
nous retournons nous coucher dans un rire. Elle dort avec un taser et une bombe lacrymo contre elle.

Et moi qui avais peur du jaguar...

Perte
peut-être mes mitaines.


 

*Jour 11


Pas plus de frayeurs dans la nuit

Petit déjeuner semoule/Quack chocolat en poudre, Et c'est parti. Mitaines retrouvées à leur place dans le sac.


Le puma est revenu, laissant des traces fraîches dans le sable

8h prêts à décoller, Mais encore une fois, les rafts fuient, est ce nécessaire de l’écrire? Le mien et celui de Yanko.
Mékong mon amour
Cela prend 1h30 à rafistoler avec de la colle et des patchs spéciaux qui s'arrachent au passage des sacs. Le soleil brûle déjà à 10h lorsque l'on croise une famille d'orpailleurs sur la berge d'en face, Philippe s'approche jusqu'à la berge pour leur donner un paquet de cigarettes, l'homme nous fait comprendre qu'il ne fume pas mais que sa femme si, et insiste pour qu'on vienne boire le café. Excellent, Aussi sucré que le thé marocain, et servit avec des beignets encore chauds, les meilleurs de l'Amazonie, on rayonne tous les 4 en mangeant, les Brésiliens rient .ils essayent de communiquer en portugais, nous parlent des jaguars, de la pêche,  des chablis, ils sont amusés. Arrivés il y a à peine 5 jours avec leur chaton roux qui ne fera pas long feu quand il se trouvera face aux "souris" de la forêt. Après cette pause café pas comme les autres, le battement de nos pagaies reprends, sous le soleil brûlant et avec un vent de face. Mon embarcation continue de fuir, je crois que la toile est devenue poreuse. Et je m'épuise à la traîner. Chaque fois que je la gonfle je perds 50 mètres sur le groupe, Chaque fois que je prends une photo, 50 mètres de plus, 100 mètres si je dois nettoyer l'objectif et le déposer en sécurité dans la touque. Mais je dois rester méticuleuse pour assurer ma mission photo.
Toujours loin derrière, j'énumère chaque muscle qui grince. Biceps, triceps, Grand rond, petit rond, deltoïde, trapèze, infra épineux, lombaire...


Ce serait plus simple d'énumérer ceux qui ne se plaignent pas, 

les mollets peut-être .



Stéphane nous a envoyé la confirmation du vol de retour le 15 ce qui nous laisse 8 jours pour arriver tranquillement. Phil se détend un peu plus. Mon Carlos aussi nous a envoyé un nouveau message d'encouragement pour cette dernière semaine. C'est la seule personne extérieure de l'expé qui est parvenue à nous contacter.
 

Nous atteignons les falaises en début d'aprem, le paysage change redevient plus fourni, plus sauvage, moins de traces humaines moins de chablis, des buses à queue blanche et l'odeur indéterminée de jack fruits flottent dans l'air. Il se passe quelque chose d'étrange ces derniers jours, plus je contemple les arbres, plus je pense aux vieux spécimens de chez mes parents, le grand charme, les vieux platanes, nos grands peupliers, l'érable, les cèdres, quelque chose me connecte à eux. Je ne les ai jamais trouvé aussi beaux que depuis que j'arpente la forêt et leur ramure ne cesse de me revenir.

Soudain j'entends un raffut terrible sous un tronc, surement un Aimara énorme qui dévore un poisson torche/tigre, on se précipite sur eux avec le harpon pour chasser mais ce ne sera qu'une tête entière de 30 bons centimètres qui nous restera entre les doigts fraîchement déchiquetée. Nous reprenons énergiquement notre Gofast Maripasoula. Phil me demande de prendre des photos de eux 3. Le paysage est magnifique mais ils sont souvent loin devant et minuscules. Je pagaie au mieux pour les rattraper, faire la mise au point, refaire une photo, perdre 50 mètres, regonfler le raft et perdre 20 mètres, je craque. trop épuisée pour être tout devant. Leur demander de poser ou d'attendre ça donne des photos vides d'authenticité. Je n'arrive pas à me faire comprendre et ça me frustre.

On trouve un camp à 16h sur une plage dégagée, après avoir croisé à deux reprises des pirogues d'orpailleurs qui nous filment amusés.
Mes affaires électroniques ont pris l'eau dans leur pochette étanche et je fulmine contre les designers du modèle. Philippe tente une phrase réconfortante sur la beauté du temps.

5 minutes plus tard il pleut.

J'engloutis un lioph pour retrouver un peu d'énergie en grelottant. Le camps est monté en vitesse sous la pluie qui cesse une heure plus tard.
La chasse aux grenouilles reprends et on commence à pêcher avec Phil. Yanko se joint à nous dans la lumière dorée du couché de soleil. Un moment de plénitude suspendu dans toute cette course. La silhouette des pêcheurs dans les rayons du soleil et la brume, c'est juste sublime.
Je capture un tout jeune poisson torche/tigre, c'est hyper bon, plus ferme, avec moins d'arrêtes que l'aimara.

Une incompréhension demeure sur la gestion des vivres et du poids. on me dit de me poser un peu. kevin me manque

Lili en a par dessus la tête aussi et se désiste pour la deuxième journée du massage proposé et file se coucher. je crois qu'elle jette des caillous dans l'eau quand j'ai le dos tourné pour faire fuir les caiman et les poissons.Yanko déclare qu'il s'en bats aussi les couilles de la pêche et que c'est l'heure de dormir. Ça me fait rire parce que c'est la première fois depuis le début de l'expédition qu'il nous fait part de ses limites.



KAywasu s'il-te-plaît, demain des pierres lisses et un camp qui redonne un peu de sens et de douceur à cette aventure.

Je n'ai pas envie qu'elle s'arrête, juste qu'elle ralentisse.

Perte 0, 

j'ai toujours ma machette porte bonheur


*Jour 12

Lili et Yanko sont dévorés par les poux d'agoutis depuis 1 semaine, c'est comme des aoûtats de combat. Leurs corps sont couvert de plaques,de boursoufflures, d'écorchures et de plaies à force de se gratter. Ca les rends irritables au réveil. Avec Phil on s'en sort plutôt bien.
Pas de rustine à poser ce matin, ENFIN ! 

on prend l'inini direct pour nous enfoncer un peu plus dans les gorges, le paysage a vraiment changé, la forêt s'élance sur le relief, les méandres se font plus larges, et lisses comme des lacs, parfois on semble glisser sur un miroir.

c'est beau et hypnotique


Nous, et l'immensité du vert.

Notre cadence est plus lente, mais régulière. On fait du 2km de l'heure, ça laisse le temps d'observer les singes araignée et les agamis. Lili s'est enfermée dans une bulle. Le câble blanc de son écouteur dépasse de son col.
Elle en a marre, marre des puces, marre des nœuds de hamac, marre de notre pêche et chasse d'assassins, marre du soleil brûlant, marre du Quack, marre de pagayer, marre d'avoir du temps pour penser seule sur son pack-raft. Elle veut juste arriver à Maripasoula pour une douche et un rhum, Ça me tente aussi, pour danser l'expédition avec un tipunch, Mais je préférerai être téléportée de retour sur la crique limonade ou au saut émerillon. Pas encore prête pour le retour en Europe. Je ne veux pas que ça s'arrête, On parle d'amour, de relation et de choix de vie avec Phil. J'aimerai l'épauler partout où il va à toute ces expéditions avec ma volonté et mon humour. J'ai peut qu'il veuillent juste me croquer comme tous les autres... la cerise sur le gâteau.


Je déteste être une femme.

Débarquement au saut Liki, Ça ne vaut pas les pierres plates mais ça fera l'affaire pour cette nuit, et en plus il y à un jacuzzi entre les pierres.


Je pars pêcher plusieurs heures
Mon fil trop fin casse à chaque magnifique prise. l'eau grouille de vie ça réveille mon instinct de prédateur. Je pense à mon père qui aurait adoré être là. J'aurais tellement du piquer 4 bricoles dans ses affaires. De la ligne tressée par exemple, notre nylon casse sans qu'on le sente entre les dents acérées des Aymaras, quelques petit plombs aussi, ici on utilise des écrous, bien trop lourds. Des bouchons, on en a qu'un minuscule qui coule carrément avec l'écrou alors tout fini dans les branches. Et des tridents pour du poisson de 1 à 5 kilos. nos hameçons mesurent à peine 1 cm, c'était parfait pour les petits vifs mais nous les pêchons déjà à l'épuisette. La taille suivante c'est pour des monstres de 25 kilos. J'ai déjà envie de revenir. Avec le bon matos, les bon réflexes, et tout ce que j'ai appris ces dernières semaines. Ici rien ne me manque, je voudrai juste rester là et jouer aux indiens éternellement comme quand on était enfants.

La nuit tombe. 

Dans l'eau, La lumière de la frontale éblouit deux yeux rouges sur une soucoupe dansante. C'est une énorme raie de la taille d'une assiette à quelques mètres de mes pieds,Ça me refroidit encore plus que les caïman. Ici leur venin t'offre un voyage en hélico gratos pour rejoindre Kevin à Cayenne.


Je retrouve vite les autres, On mange du riz avec une boîte de thon en se racontant des histoires de voyage. Les expéditions antériures de philippe me fascinent.
Demain debout 5h pour partir à l'aube et s'éveiller avec la forêt

Perte:
La rallonge de la dragonne de la GoPro

 

 

*Jour 13

Debout 5 heure, nos gestes sont rapides et disciplinés. Le camp est plié en un rien de temps pour capturer les lumières de l'aube. On glisse sans bruit sur l'Inini, aucun mammifère n'est au rendez vous mais les couleurs sont splendides comme dans un rêve, les premiers rayons percent la brume, les racines et les troncs ressemblent à un cimetière d'éléphants sur le miroir de l'eau. Pour la première fois nous prenons vraiment notre temps pour contempler et écouter. Phil s'est complètement détendu et nous demande même de ralentir encore plus la cadence. J'en apprends plus sur lui alors que ce voyage tire à sa fin.
Lili n'attend que ça et tue les heures par le biais de ces écouteurs. Yanko aussi commence à saturer; une douleur dans son pieds l'empêche de vraiment profiter. Je les sens agacés quand ils doivent remonter le courant pour les photos. Je déteste qu'on me demande quel plan faire. La photo se présente d'elle même, ou se guette, elle ne se décide pas, elle se capte dans l'instant quand elle s'offre à toi, comme le jaguar, une coïncidence, intempestive, sinon elle perd tout âme et toute sa force, et beaucoup de nouveaux facteurs me compliquent la tache. L'eau qui m'oblige à être extrêmement minutieuse, le courant qui me fausse chaque seconde la position et la mise au point, le pack-raft qui tourne sur lui même dès que je cesse de pagayer, l'objectif qui s'embue constamment, l'éclat du soleil sur l'eau, Le reflet des pales blanches, le mouvement des pagaies, parfois en plein milieu du visage de mes acolytes, parfois horizontales et qui annule tout le dynamisme, bref la plus complexe des missions photo que j'ai pu avoir jusqu'à présent.

Le paysage se transforme de nouveau, l'Inini s'est teintée de l'ocre épais des berges, et les tests de mercure révèlent un surplus d'activité des orpailleurs.
A 11h, une pause repas s'étirera en une longue sieste sous les arbres. Le vent est chaud. La forêt se détient pour nous seuls loin de tout. L'air est doux comme les gestes de Phil qui jouent avec les mèches de mes cheveux. J'ai perdu la notion du temps.

Plusieurs coups de feu nous rappellent au monde. Yanko évalue la distance à 300 mètres, Phil à 100. Au premier virage un nouveau camps d'orpailleurs nous fait face. Ils sont amusés mais pas plus préoccupés par notre présence. Quelques kilomètres plus loin, le premier des 3 sauts, le Batardo nous offre un premier espace pour le campement. C'est pas le grand standing des pierres lisses de l’émerillon mais ça fera l'affaire pour la pêche.
Yanko et Phil découvre un espace idéal pour le jacuzzi naturel. Les photos des deux sont juste mythiques, il me tarde de leur partager mon travail. On croise une pirogue d'orpailleurs avec un chien en tête, l'un des hommes plongera à l'eau pour récupérer un paquet de cigarettes que lui offre Philippe. Pris par le jeux et l'envie de faire un vrai festin de poisson, nous partons pêcher tout les deux. Je finis par attraper un bel Aimara avec un vif directement à la bobine et glapi de joie. Mais entre les caïmans croisés sur les pierres et le reste j'ai oublié l'heure du repass et notre retour au camp n'est pas félicité par Lili et Yanko. Affamé et fatigués, Ils se sont déjà préparé des liophs et veulent juste dormir. Notre surplus d'énergie les épuisent, et ce décalage m'affecte.  On mange seuls l'aimara que j'ai péché puis nos conversations s'étirent jusqu'au bout de la nuit. Nous commençons tout juste à maîtriser cette expédition, j'ai peur qu'elle se termine

Mes les deux autres acolytes ont atteint leur limite.


PerteCordage du hamac 


 

* Jour 14

Première attaque de panique au réveil

Le sang bats mes temps, j'ai le souffle court, le corps raide et la gorge nouée de l'estomac à ma langue. J'essaye de ralentir ma respiration et de me calmer avec la superbe vue qui se dessine à travers la moustiquaire

On avait installé les hamacs juste au bords de l'eau avec Lili, un coin merveilleux pour dormir. 

Ça doit être l'approche du retour, la dissonance du groupe ou les mots avec philippe.
Sans carapace j'ai l'instinct d'une bête traquée qui se déclenche. Et le sens de tout ça me file entre les doigts

J'essaye de me détendre pleinement pour ce premier et dernier jour de Chill. Pas d'alarme à l'aube. 
Aujourd'hui quartier libre. Alors qu'on s'imaginait un festin de poisson fumé pour midi, la pêche est bredouille. Pas une touche. L'inini est calme endormit par la chaleur. Menu: pâte roast-beef, ça allégera le raft de Lili d'un bon kilo. C'est de plus en pus compliqué avec elle, L'ennuie la terrasse, elle est présente physiquement seulement. Et retourne se coucher dans le hamac.Je décide de monter dans son pack-raft plus maniable et léger pour rejoindre la rive d'en face ou trône un arbre splendide pour la sieste et une étendue de pierres rondes et lisses comme je les aimes.
Phil se joint à moi. Pendant qu'il étend des bâches sous la voûte des branches, je pars explorer un peu la presqu'île. Un feulement me parvient à une dizaine de mètres, j'aperçoit la tête d'un animal qui dévale le courant, je crois d'abord voir un chien, comme celui à l'avant de la pirogues des orpailleurs. Mais la tête est trop ronde et les yeux trop grand. Phil me rejoint en courant sur les pierres alerté par mes cris. Il sourit et me serre les bras, c'est une loutre géante. Je reste bouche bée, jamais je n'avais entendu parlé de l'existence de loutres pareilles, jusqu'à 1 mètre 50 !. Elle fait des allers retours en nous observant intriguée, en étirant le cou sortant mi corps de l'eau. Splendide et agressive.
Nous restons plantés là à sourire. une apparition parfaite pour la sieste.


Nous passons devant d'étranges bassines de ponte creusée dans le sable par les grenouilles en retournant sous le grand arbre.

Un somme hypnotique nous attend, bercé par le vent dans son feuillage.

A la tombée de la nuit nous partons pour une Balade en foret avec Yanko pendant que lilie surveille le camp. Rien à voir avec les rafts. La traversée est laborieuse. Je ressens un profond respect pour les aventuriers qui se lancent la-dedans. Nos déplacements sont extrêmement lents pour distinguer tout ce qui pourrait nous échapper au sol, entraves, serpent, scorpions... Vérifier tout ce que l'on va toucher, tronc, Liane, branche, Et tout ce qui peut tomber du ciel. En pack raft notre vitesse est de 3 km de l'heure, à pied en forêt, c'est 500 mètres max. Glisser sur l'eau, ça reste vraiment le luxe. Sur le retour, Nous parvenons à capturer de magnifiques grenouilles pour effectuer les prélèvements qui seront analysés par Stéphane à Cayenne. Phil pêche au harpon, J'arrive à attraper mon plus bel Aimara, cette fois directement à l'épuisette en l'aveuglant avec ma frontale. C'est moins classe mais tout aussi sportif. Euphorique, Je l'écaille religieusement et l'étend en crapaudine sur la grille du feu.

Nous hissons les Pack-rafts sur les roches, pour contempler les étoiles. Je m'endors avec la dance chatoyante d'une Luciole sous la ramure des arbres et de son reflet sur l'eau

Perte 0


*Jours 16


Réveil 5h du mat. Jour sans fin

Coups de pagaies à une cadence robotique sur cette veine d'eau trouble qui serpente au milieu de la forêt.
Notre unique distraction est d'avoir aperçus des singes araignées en milieu d'aprem. La chaleur nous abrutis au point d'imaginer que l'intersection "grand karbé" serait un lieu de croisement de pirogues et d’échange où l'ont pourrait acheter des fruits. "Grand karbé" est juste le nom invraisemblable de l'intersection où fusionnent le petit et le grand infini. Pas de vie humaine à l'horizon.
Quand soudainement, les tempes me lancent dans ce brasier, je bascule sur le coté du pack-raft pour glisser dans l'eau trouble, et je nage lentement plaquée contre mon embarcation, le temps de baisser la température de mon corps, puis remonte sous le regard amusé de Phil. Parfois je reste longtemps dans l'eau entraînée par le pack-raft, Les vêtements mouillés captent mieux la fraîcheur du vent ou en donnent l'illusion. la sensation est divine.
Depuis plusieurs jours, Mes muscles se sont désormais endurcis par les kilomètres traversés et ma peau s'est tannée d'orangé.
Chaque coup de pagaie est efficac, mon corps ne me fait plus souffrir. tout vas terminer alors que je me sent enfin prête pour une latitude 0
Nous sommes devenus extrêmement endurants et rapides. et deux heures plus tard nous atteignons pleins d'espoir une sorte de cabane par l'accès de son ponton sur les pierres.


Mais l'inscription "prohibido dormir aquí" nous oblige à rebrousser chemin. Un brésilien déboule de la forêt et nous fait comprendre qu'il y a un village "lodge Ananda" à 40 minutes.Nous  demandons la permission d'attacher les hamacs dans le jardin, mais il répète sans nous regarder qu'il y a des coins confortables un peu plus loin.
Nous reprenons l'inini jusqu'au saut suivant et débarquons sur une presqu'île. La pluie nous surprend alors que nous étions en plein nettoyage des troncs et branchages secs qui la recouvre.

Après une bonne heure d'efforts la presqu'île est devenue praticable et même accueillante. A l'Est une étendue de pierres lisses au bord de l'eau pour le bain et le repas. Au centre, l'allée d'arbustes comme des petits pommiers  tortueux qui poussent sur le gravier, Et à l'ouest notre camps de hamac recouvert d'un monticule de pelouse sur lequel poussent quelques grands arbres.
A la tombée de la nuit, nous démarrons un feu sur les pierres lisses. Les Vivres commencent tout juste à manquer, Yanko et Lili n'ont plus de lioph, et il reste un fond de riz, une ration de semoule, du quack, une boîte de ton, 4 boîtes de sardines, 1 boîte de rosbeeff, près de 3k de nourriture. Je ne vois pas où est le problème, dans tous les cas Nous atteindrons Maripa dans 3 jours et la rivière regorge de poissons. mais Lili dégoupille., Une crise de nerfs et de larmes qui explose sans préavis. La monotonie des journées la piège avec ses pensées et son deuil qui l'assaillent sur son embarcation, seule au milieu de la forêt qui n'apporte aucun réconfort à sa douleur. Phil revient un peu dérouté de leur conversation mouvementée, il me demande un antidépresseur mais je n'ai plus ça dans mes poches depuis longtemps. Un placebo avec des gélules aurait pu faire l'affaire mais Il arrive à la calmer avec un tramadol. Une fois les autres couchés, Nous restons à discuter dans la nuit sur les pierres chaudes de l'île. Deux Traps à carnassier sont posés

J'ai des décisions sérieuses à prendre.

On entends les prises se débatrent au bout des câbles d'acier. Mais la force de nous lever nous manque

La pêche sera bredouille au matin.
 

À retenir: les Traps doivent être veillés à seulement quelques mètres avec énergie et l'épuisette prête, ou l'aube nous présentera le câble sectionnée par des dents bien plus effilées que la proie de départ.


Perte 4 bas de ligne acier
 

 

*Jour 17

Avant dernier jour
Nous démarrons tranquillement pour découvrir les sauts suivants non loin de notre camp. Le deuxième est un véritable Eden que nous visitons émerveillée avec Lili. Mais malheureusement, pas question de proposer de rester là.
Je remonte à contrecœur dans le pack-raft pour me lancer 18 km face au vent sur une rivière lisse comme une vitre teintée, un soleil rude de plein désert. Le temps s'égraine lentement. Le paysage nous est devenu habituel, l'eau marron encadrée par deux murailles vertes, à perte de vue.  Et nos petits bras qui moulinent sans repos jusqu'au but. On ne bois pas assez et chaque stop nous ralentis trop, mes lèvres se dessèchent, gercées par le soleil et je ne reconnais plus mes mains. Lili a repris du poil de la bête. La crise de hier soir lui as permis de lâcher la tension. Sa cadence est robotique et efficace, le raft de Phil commence à vraiment rendre l'âme et l'hernie de son flanc semble prête à se déchirer. Je suis au plus près les berges pour grappiller quelques minutes d'ombre. Nous tentons une belle photo de groupe mais mon appareil à définitivement rendu l'âme, la chaleur ou la simple humidité car je nai commis aucune erreur avec lui. lorsque que je l'allume, le menu se met à defiller comme un fou sur l'écran sélectionnant au hasard des options jusqu'à le rendre obsolète. Comme je m'étais préparée à cette perte, cela ne me gâche pas le voyage.
je le remercie doucement d'avoir tenu jusqu'à ce jour. les micro carte SD sont gardées en sécurité.
Plusieurs kilomètres plus loin alors que j'observe la bifurcation d'une crique ombragée, une forme sombre voutée sur un tronc attire mon regard, comme un énorme singe avec une tête blanche. La sensation est étrange, Je crois d'abbord à un mirage, nous découvrirons plus tard que c'était un Saki à face pâle. Vraiment rare à apercevoir.


Nous atteignons enfin le barrage de contrôle vers 16h
Deux jeunes militaires sans leur uniformes nous expliquent que la traque aux orpailleurs est délicate.

Ils ne peuvent pas les arrêter sur l'eau par risque de noyade et que pour éviter d'être pris à terre, les clandestins arrivent à couler leurs propres pirogues et transporter les moteurs le temps que les interventions se passent.

L'armée peut difficilement agir face à leurs stratagèmes. c'est 70€ le gramme d'or alors la ruée ne cesse de s’amplifier.


3 km plus tard nous arrivons au dernier saut. Le courant est fort et Lili prends le mauvais bras qui l’aurait amené 200 mètres plus loin. Elle parvient à s'accrocher de justesse à un rocher le temps qu'on l'atteigne, Philippe guide son pack-raft vers la rive et je libère lilie de sa pagaie pour qu'elle puisse revenir. Après ce coup de flip, les garçons montent le campement face aux rapides et au bruit. Ce soir pour cette dernière nuit en forêt j'aimerai dormir à la belle étoile dans le pack-raft, le bruit torrentiel des remous m'épuisent après cette journée interminable. Phil refuse que je m'éloigne au calme sur les pierres lisses 50 mètres plus haut. Avec le bruit du courant on ne m'entendrai pas appeler si il y avait un problème. Comme je n'ai ni la force de tenir tête ni envie de l’inquiéter, j'installe le pack près d'eux sous les arbres. Tant pis pour la vue, la lune et le calme.


On file se doucher avec Lili sur la plage du dessus près des vestiges du vieux karbé où le courant est moins intense.

Je suis rassurée de la voir détendue, demain Maripasoula enfin. Elle n'attend que ça. Un grondement rugit dans la tombée du jour et Lili éclate de rire en repartant au campement.
C'est rappé pour moi et la nuit à la belle étoile. Je fini de rincer mes vêtements et de me doucher quand une longue embarcation déboule plein gaz à contre courant. Ce n'était pas le bruit du tonnerre mais le rugissement du moteur d'une pirogue qui remonte le saut, délestée de ses passagers. J'ai tout juste le temps de m'entourer le corps dans la serviette que je me retrouve entourée d'une vingtaine d'hommes qui descendent le talus pour rejoindre la minuscule plage entre les pierres sur laquelle je me douchais. Les orpailleurs sont aussi gênés que moi et bredouillent un "pardon madame" en riant. J'aperçoit Philippe au milieu d'une quinzaine d'autres hommes qui descendent vers la plage pour embarquer dans l'une des trois pirogues qui ont franchis le saut à toute puissance des moteurs. Le spectacle est impobable, nous sommes pris au milieu de tout ces clandestins pressés et stressés de disparaitrent sur les pirogues. Une ruée vers l'or sûrement contrôlée par des mafias malhonnêtes. Les passeurs leurs feront éviter le barrage militaire 3 km au dessus en passant par la forêt.
Je rejoins les autres, ahuris pour partager un quack sardine dans la nuit. D'autres pirogues traverseront le saut dans l'obscurité. A chaque fois, des dizaines d'hommes sont déposés plus bas et traversent notre camp à la lumière de leurs frontales pour rejoindre la pirogues plus haut. Le spectacle est lunaire, des vagues d'une trentaine de faisceaux lumineux traversent soudainement notre campement en file indienne jusqu'à la plage dans la nuit noire. Nous sommes pile au milieu de leur parcours et il est trop tard pour déménager. Nous ne prenons pas de photos pour ne pas les effrayer. Parfois certains joignent les mains en lançant un "no problem'" auquel on répond "boa sorte" rassurant. Installée entre les boudins du pack-raft de Lili, j'espère m'endormir rapidement dans toute cette agitation, pour la première fois, quelques moustiques m'assaillent. tant que j'échappe aux chauves souris... Avant de sombrer dans le sommeil, j'écris cette histoire tout comme Phil qui gribouille depuis une heure assis sur un rocher au bord de l'eau. une narration sûrement à des années lumières de la mienne.

Et pendant ce temps. Les pirogues défilent. Des centaines d'hommes ont déjà contournés le barrage.
 

 

*Jour 18

 

Phil est extrêmement difficile ce matin, il met en colère Lili dès le réveil et agit différemment des autres jours. Le retour le stresse, l'a civilisation, les gestions, nous avions 3 jours de retard sur la crique limonade, Maintenant nous avons deux jours d'avance pour atteindre Maripasoula.

Argumenter pour une nuit de plus en forêt est impossible. J'essaye de dissiper ma frustration.

 

L'inini rencontre le Maroni, la largeur du fleuve à triplée, nous sommes minuscules sur cette étendue d'eau qui prends le dessus sur la forêt. Nous croisons les premiers amérindiens qui pêchent au bord de l'eau, les ados évitent le dialogues mais les anciens sont curieux. Nos "zodiacs" leur plaisent. Les berges se couvrent d'habitation sur pilotis bariolés typiques du Surinam. alors que nous repassons côté guyanaisAu loin, le château d'eau de Maripasoula trône sur la colline.

 

Nous mettons cap sur lui comme sur un phare.Des pirogues chargés de militaires serrés dans leurs gilet de sauvetage dépassent nos embarcations.

 

Maripasoula est face à nous, plus personne ne parle, nous pagayons les derniers kilomètres jusqu'à l'atteindre.

 

Le port.

 

Je reconnais les coques jaunes des dizaines de canoës rigides empilés près d'un petit bâtiment bleu.

Sous l'écriteau "club de kayak" un homme sourit et nous salut à grands gestes.​

Pushkar gipsy family
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